Espace (Composante)

Résumé:

L’espace est l’une des composantes satellites de la structure d’ensemble. Celle-ci a été publiée pour la première fois par Gilles Gendreau en 1978 dans le livre «L’intervention psycho-éducative Solution ou défi?». Elle a depuis été améliorée et retravaillée notamment par Gendreau (Gendreau 2001; Gendreau, Prince, & Bernier, 2005) et Renou (2005)

L’espace peut être compris comme le cadre physique où se déroule l’intervention  (espace objectif) ainsi que la manière dont le sujet et l’éducateur perçoivent ce cadre physique (espace subjectif).

L’objectif de cet article est de permettre au lecteur de se familiariser avec le concept d’espace dans le cadre de la structure d’ensemble, ainsi qu’avec son application pratique.

1) Quelle est l’importance de ce concept dans la théorie psychoéducative?

La structure d’ensemble est l’un des concepts théoriques majeurs en psychoéducation. Son utilisation est d’ailleurs l’une des caractéristiques qui tendent à distinguer la psychoéducation des autres disciplines sociales. L’espace en tant que composante de celle-ci est donc essentiel.

2) Quel est le niveau de connaissance associé à ce concept?

Plusieurs recherches traitent de l’espace et en particulier de l’impact de l’environnement et de l’architecture. Plusieurs dimensions de l’espace et en particulier ceux définis dans la recension d’Evans (2003) seront brièvement abordées.

3) En quoi ce concept est-il important dans la pratique psychoéducative aujourd’hui?

La structure d’ensemble est considérée généralement comme un élément central de la psychoéducation en tant que méthodologie de pratique (Renou 2005). L’espace en tant que composante de celle-ci est donc essentiel.

Attention : cet article fait actuellement l’objet d’une révision complémentaire par Boscoville 2000 ainsi que par des professeurs de l’UdeM ou de l’UQO. Celui-ci pourra donc être modifié en conséquence.

L’espace est l’une des composantes satellites de la structure d’ensemble. Développée par Gendreau et ses collaborateurs, elle fut décrite pour la première fois en 1978 dans l’ouvrage «L’intervention psycho-éducative Solution ou défi? ».

L’objectif de cet article est de permettre au lecteur de se familiariser avec cette composante. Dans un premier temps, la composante « espace» sera définie et l’on distinguera ses aspects objectifs et subjectifs. Les applications cliniques de cette composante seront ensuite présentées. Finalement, ce texte se terminera par une recension des études empiriques traitant de cette composante ainsi que par une courte conclusion.

Définitions

Dans sa première publication de la structure d’ensemble, Gendreau (1978) précisait que la composante espace fait d’abord référence à la situation géographique du milieu d’intervention, la taille de celui-ci ainsi que son contexte architectural.

Gendreau (2001) a, par la suite, retravaillé cette composante pour la définir comme le cadre physique où se déroule l’intervention mais aussi l‘espace subjectif, la manière dont le sujet et l’éducateur perçoivent ce cadre physique.

Poursuivant la réflexion, Renou (2005) puis l’équipe de Boscoville 2000 (Gendreau, Prince, Levesque & Beaulieu, 2005b) ont approfondi les notions d’espace objectif et d’espace subjectif qui seront abordées dans les prochaines sections.

La composante « espace » est une composante satellite. En tant que tel, l’espace est donc  influencé par les sujets, les éducateurs ainsi que les objectifs visés. Toutefois, celle-ci est également influencée par toutes les autres composantes satellites. Ainsi, par exemple, un contenu – comme de la cuisine ou un match de soccer – peut nécessiter un espace spécifique. De même, si l’espace est modifié – par exemple la nécessité d’utiliser un autre local –  cela peut entrainer une modification de contenu, de moyen de mise en interactions, etc.

Emplacements de la composante espace dans la structure d’ensemble :

espace1

(Gendreau, Prince, Levesque, & Beaulieu, 2005)

L’espace objectif et subjectif :

Comme précisé précédemment, en psychoéducation la composante espace est fréquemment subdivisée en espace objectif et espace subjectif. Comprendre pleinement cette composante nécessite donc d’analyser ces deux aspects (Gendreau 2001, 1978 ; Renou 2005).

L’espace objectif peut être décrit comme l’espace physique qui est mis à la disposition des acteurs pour la réalisation de l’intervention avec toutes ses caractéristiques de superficie, de volume, de couleur, d’ameublement, d’aménagement, de mobilier, de fonctionnalité selon ce à quoi il est destiné, ses limites et ses potentialités, etc. L’espace objectif est donc celui qui existe tel que mesuré par des échelles appropriées à ces différentes considérations (Gendreau 2001 ; Renou, 2005).

Un espace mal aménagé a un impact certain sur l’atteinte des objectifs et exige un apport complémentaire des autres composantes de la structure d’ensemble pour palier aux manques. (Gendreau, Prince, Levesque & Beaulieu, 2005b). Ainsi, par exemple, un local trop petit ou inadapté pour une activité pourrait exiger d’allonger l’activité ou de subdiviser le groupe afin d’atteindre l’objectif. Ainsi, tel que le rappelle Gendreau (2001), la principale question par rapport à l’espace objectif est celui de sa fonctionnalité : est-il adéquat ou adapté aux activités qui doivent s’y dérouler, quelles sont ses potentialités et ses limites, etc. ?

Selon Gendreau (2001) et Renou (2005), il est également important de tenir compte de l’espace subjectif.  Selon eux, c’est l’espace perçu par chaque participant à l’intervention à partir de ses affinités, de ses vulnérabilités ou d’autres caractéristiques personnelles. Celles-ci s’ajoutent aux caractéristiques plus générales reliées à l’histoire, à l’environnement familial et à la culture de la communauté proche et élargie à  laquelle il appartient. L’appréciation personnelle que chaque individu se fait de l’espace peut donc être variable d’une personne à l’autre  et dépend donc de ce que celui-ci représente pour elle. Par exemple, une classe dans une école peut être perçue par un adolescent en difficulté comme étant un espace où se vivent des échecs, des rejets  –expérience d’échec passée ; image négative de l’école transmise par les parents ; etc. – et peut ne pas être appropriée au niveau de ce qu’elle représente pour vivre d’autres types d’activités même si elle est adéquate physiquement (Gendreau, Prince, Levesque, & Beaulieu ; 2005b). Selon Gendreau (2001), c’est la notion d’espace subjectif qui permet le mieux de cerner la signification que prendra pour le sujet un espace précis ou un autre type d’espace particulier, compte tenu de sa sensibilité ou des différentes expériences qu’il y aura vécues. Ainsi, sur  le plan de l’interaction ou du contexte de l’intervention, c’est avant tout l’espace subjectif qui exerce le plus d’influence.

Autre types d’espace

Il est intéressant de préciser que dans d’autres disciplines telles que l’éthologie, d’autres classifications de l’espace ont été définies. Ces autres types d’espaces, repris notamment par Renou (2005), forment un complément intéressant aux notions d’espace objectif et d’espace subjectif. Voici certain de ces espaces :

L’espace intime est l’espace qui nous est strictement personnel.  C’est la distance typique des comportements de lutte – par exemple se battre – ou d’amour – par exemple s’embrasser (Gendreau 2001 ; Renou 2005). Le partage de cet espace avec un autre provoque une intrusion des émetteurs du corps de l’autre (odeur, chaleur,  haleine, perception de la respiration). À cette distance, il se produit une atténuation du timbre de la voix, une distorsion de la vision, une inévitable perception de l’haleine et de la chaleur de l’autre. Dans un espace proximal de ce type, non directement souhaité mais inévitablement relié à certaines situations de la vie commune (transport en commun, ascenseur bondé), certains comportements de type neutralisateurs ou compensatoires peuvent se produire tels quela contraction des muscles, l’immobilité, un regard neutre, etc. (Renou 2005). L’espace intime est un espace très subjectif qui pour certains est très sensible. L‘intervention avec proximité doit toujours tenir compte du niveau de tolérance des individus en regard à ce qui a été vécu avec autrui. Les sujets agressésauront pour certains beaucoup de difficultés à vivre cette proximité tandis que pour d’autres cela sera apaisant et même souhaitable dans l’intervention. Une bonne connaissance du vécu expérientiel des sujets au niveau de l‘espace intime nous permet de mieux gérer l’intervention (Gendreau, Prince, Levesque, & Beaulieu ; 2005b).

L’espace personnel est celui que l’on considère comme étant délimité par la distance couverte par les bras  allongés. Ici, le contact avec l’autre est encore possible, mais ne s’accompagne plus de phénomènes de distorsions visuelles et auditives, ni d’envahissements précédemment cités concernant le corps de l’autre. Cet espace est fortement déterminé par les traditions socioculturelles des acteurs concernés et les normes sociales du milieu. On associe souvent cet espace personnel à celui de la « bulle ». C’est donc la distance de contact en deçà de laquelle les rapports avec l’autre entrent dans le champ de l’espace intime qui nous oblige à nous situer plus ou moins globalement et personnellement face à lui (Renou, 2005).

L’espace social est celui du champ de la communication de type interpersonnel, celui qui nécessite des règles plus ou moins formelles de contact dans les échanges entre les acteurs. Chacun est protégé au départ par sa « bulle » mais les modes d’interaction (en particulier de domination ou de soumission) délaissent les canaux tactiles pour ceux de type verbal, auditif et visuel. (Renou, 2005).

L’espace vital est l’espace minimum qu’un individu requiert pour satisfaire aux besoins élémentaires de sa survie soit au plan strictement biologique ou sur le plan davantage psychosocial. Cet espace perçu est directement fonction des conditions de l’écosystème actuel du sujet. L’espace vital est dans ce sens une forme de conception synthèse de différentes autres notions de l’espace, les conceptions de l’espace intime et de l’espace personnel plus particulièrement. Cet espace qui est nécessaire à un individu, à une communauté et à l’ensemble d’un peuple ou d’une ethnie a de tout temps été la source de grands bouleversements de l’histoire de l’humanité. Toutes les conquêtes se font souvent sous la poussée de vouloir agrandir ou protéger le territoire nécessaire à la survie de l’activité ou du groupe concerné. » (Renou, 2005).

L’espace culturel est une notion synthèse regroupant les trois espaces- personnel, social et vital. On peut le relier directement au territoire perçu comme nécessaire et aux manières de l’aménager pour la réalisation des différents actes de vie et de communication sociale des individus d’un même groupe culturellement identifié (Renou, 2005).

L’espace convenant et sécurisant est la place occupée individuellement par chacun des acteurs les uns par rapport aux autres Cet espace devra être d’autant plus sécurisant que l’activité sous d’autres aspects sera insécurisante (Renou, 2005).  Comme le mentionne Gendreau, la façon dont le sujet s’approprie l’espace extérieur est en quelque sorte une projection de son espace intérieur, sa perception de comment lui se perçoit intérieurement. La manière dont le sujet appréhende et délimite son espace sécurisant fournit donc un indice de plus à l’observation des acteurs accompagnant sa démarche évolutive (Gendreau, Prince, Levesque, & Beaulieu ; 2005b).

Comme l’illustre ces exemples, chacun de ces espaces peut  avoir un impact concret sur l’intervention. Bien que ces notions soient moins utilisées, il peut être utile de les maitriser.

De plus, il est capital de se souvenir que ces espaces changent en fonction de chaque personne, mais aussi entre chaque culture.

Applications cliniques

La mise en œuvre de la composante espace est différente selon l’échelle où elle s’applique il est donc nécessaire d’envisager chacune séparément.

L’espace à l’échelle du milieu :

Gendreau (2001), rappelle qu’à l’échelle du milieu, il est particulièrement important de tenir compte du contexte architectural, de l’organisation de l’espace et de la situation géographique du milieu d’intervention.

Renou (2005), précise que la composante espace à la dimension d’un milieu, concerne l’organisation physique qui le caractérise. Quel espace est disponible et consacré aux différents types de programmes spécifiques ou aux activités routinières. La réalité objective qui découle des forces et limites de ses composantes architecturales : Localisation, dimension, fonctionnalité, esthétique, ameublement, etc.

Le contexte architectural :

Selon Gendreau (2001), le milieu d’intervention doit compter sur l’architecture la moins imposante, la moins monumentale possible. Le monumental est rébarbatif et ajoute aux craintes du sujet qui apprivoise un nouveau milieu. Une organisation architecturale fonctionnelle est le soutien de base pour assurer les interventions d’animations des éducateurs. Toutefois, fonctionnel n’est pas synonyme d’élimination de l’harmonie des formes et des couleurs, bien au contraire. C’est d’abord dans l’architecture de qualité (simple fonctionnelle, harmonieuse, etc.) de l’aménagement que se manifeste la considération pour la clientèle.

L’organisation de l’espace :

En centre de réadaptation, le contexte spatial doit également s’articuler autour d’unités de vie qui respectent, d’une part, l’intimité personnelle des individus et d’autre part l’intimité de vie de chaque groupe tout en favorisant en même temps la communication entre les différents groupes qui composent le milieu (Gendreau, 2001 ).

La situation géographique du milieu d’intervention :

Selon Gendreau (2001), il pourrait être tentant de chercher à s’éloigner des centres-villes à la recherche de grands espaces. Toutefois, il rappelle que l’essentiel est que le milieu d’intervention soit ancré au cœur de la communauté.

Il est nécessaire de tenir compte de la dimension subjective de la composante espace à l’échelle du milieu. L’espace subjectif  est la signification des différents lieux pour les sujets, les référents ou les intervenants en fonction de leurs affinités, de leurs vulnérabilités ou urgences, de leur histoire personnelle et de leur niveau d’évolution (Renou, 2005).

L’espace à l’échelle de l’activité :

Selon Renou (2005), à l’échelle de l’activité la composante espace,est l’organisation spatiale du ou des lieux où se déroule cette activité : localisation, dimension, fonctionnalité, esthétique, ameublement  etc.

Il met en particulier l’accent sur deux aspects :

  • La disposition des accessoires et du mobilier
  • L’impact sur les déplacements des acteurs de l’activité.

Il précise également différents types de déplacements.

  • Les déplacement possibles : Ceux qu’ils est possible d’effectuer dans un espace donné ; ils sont généralement innombrables.
  • Les déplacement nécessaires : l’ensemble des déplacements indiqués par la structure organisationnelle d’ensemble de l’activité.
  • Les déplacements souhaitables : ceux qui impliquent un niveau de convenance acceptable entre la nécessité du déplacement à effectuer, les possibilités et la pertinence qu’un sujet spécifique se réalise dans le cadre de son processus adaptatif.

Comme il est possible de l’observer, l’espace objectif ainsi que les déplacements vont être fondamentalement différents si l’activité se déroule dans une salle, dans une cour d’école ou en milieu familial. Toutefois, quel que soit l’espace de l’activité, il est nécessaire d’être conscient de l’influence, des possibilités et des limites de celui-ci.

Il est nécessaire de tenir compte de la dimension subjective de la composante espace à l’échelle de l’activité. L’espace subjectif est la signification du ou des lieux particuliers dévolus à cette activité pour les personnes appelées à la vivre (Renou 2005).

L’application de ces différentes notions peut être illustrée en reprenant et en approfondissant l’exemple utilisé pour la structure d’ensemble (il est suggéré de relire cet exemple avant de lire l’encadré ci-dessous).

 

Soutiens empiriques

L’environnement et notamment l’architecture sont reconnus pour avoir un impact sur  la santé mentale.

L’influence de l’espace a ainsi été étudiée chez un ensemble de populations telles que les adultes souffrant d’Alzheimer (Evans, 2003), les adolescent présentant des comportements sexuels à risques (Burns & Snow, 2012), les patients de services psychiatriques (Timko, 1996, cité dans Evans, 2003) et les élèves d’une salle de classe (Sommer & Olsen, 1980 ; Van Wagenberg, Krasner & Krasner, 1981). Chacune de ces populations démontrant des résultats spécifiques.

Il est à noter que l’on peut distinguer un impact direct et un impact indirect de l’espace.

Les caractéristiques qui ont un impact direct sont celles qui influencent de manière directe la santé mentale. Dans la recension de Evans (2003), les facteurs suivants sont notamment nommés.

TABLEAU 1. Effets directs de l’environnement physique sur la santé mentale

Caractéristiques environnementales Impacts sur la santé mentale Qualité des données disponibles
Logement gratte-ciel Détresse psychologique élevée, particulièrement chez les mères à faible revenu Constantes et incluent des données provenant d’études aléatoires sur le terrain.Certaines études ont contrôlé pour le SSE.
Étage sur lequel le logement est situé Les adultes qui habitent sur les étages supérieurs présentent un niveau de détresse psychologique plus élevée. Inconstantes et toutes de type transversal. Quelques études ont contrôlé pour le SSE.
Qualité du logement (problèmes de structure, dangers, entretien inadéquat, problèmes de climat (ex : chaleur, humidité) Le niveau de détresse psychologique est plus élevé pour les logements de piètre qualité. Constantes mais en grande majorité de type transversal. Cependant, la plupart des études ont contrôlé pour le SSE. De plus, quelques études longitudinales pointent dans la même direction.
Qualité du voisinage (ensemble de caractéristiques sociales et physiques) Niveau de détresse psychologique plus élevé et développement cognitif ralenti chez les enfants Constantes mais en grande majorité de type transversal. Des études aléatoires récentes ont obtenus des résultats similaires en relocalisant des familles à faible revenu vers des voisinages de meilleure qualité.
Emplacement des meubles (distances sociales, autour de tables) Augmentation du nombre d’interactions sociales et réduction des comportements d’isolement chez les patients en psychiatrie. Constantes et comprennent des études d’intervention.
Intimité (architecture, chambres individuelles) Meilleur fonctionnement et plus grande habileté à se réguler durant les interactions sociales chez les adultes présentant un retard mental sévère et patients en psychiatrie. Constantes mais un nombre limité d’études.
Aménagements pour patients atteints de la maladie d’Alzheimer (logements plus petits, plus confortables, moins bruyant, espace pour déambuler) Meilleur fonctionnement, moins de désorientation, moins de problèmes comportementaux. Nombre limité d’études, dont certaines sans groupe contrôle.
Densité résidentielle (nombre d’individus par chambre) Plus d’affects négatifs, plus grande détresse psychologique. Les troubles psychiatriques ne sont pas liés à la densité résidentielle. Constantes et incluent des études en laboratoire, des études de type transversal, des études dose-réponse et une étude de terrain. La plupart des études ont contrôlé pour le SSE.
Bruit (avion) Pas de lien avec les troubles psychiatriques. Détresse psychologique élevée chez les enfants. Données contradictoires. Une étude préliminaire et des données dose-réponse sur la détresse psychologique chez les enfants.Plusieurs études ont contrôlé pour le SSE.
Qualité de l’air à l’intérieur du logement Polluants malodorants liés aux affects négatifs. Toxines liées à des comportements d’agression. La contamination de la communauté est liée à un traumatisme. Constantes pour l’effet de des polluants malodorants. Seulement quelques données dur la toxicologie. Plusieurs études de cas sur les traumatismes dans les communautés contaminées.
Lumière Pas d’impacts de la couleur. Le niveau de lumière (mais pas sa composition) est lié à la dépression. Constantes pour l’impact du niveau de lumière (données cliniques et expérimentales). Bonne compréhension des voies hormonales.

De plus, l’environnement peut influencer la santé mentale de manière indirecte en altérant des variables psychosociales reconnues pour avoir un effet sur la santé mentale tel que le sentiment de contrôle personnel, le support social ou la récupération de la fatigue et du stress. Ainsi, Evans (2003) rapporte l’effet des variables suivantes:

TABLEAU 2. Effets indirects de l’environnement sur la santé mentale

Voie indirecte

Caractéristique environnementale

Qualité des données disponibles

Contrôle personnel Bruit Études en laboratoire et sur le terrain (dont une étude préliminaire et une étude d’intervention) suggèrent que l’absence de contrôle sur le niveau de bruit peut amener de l’impuissance acquise.
Forte densité Les enfants qui vivent dans des logements à forte densité (individus/chambre) présentent plus d’impuissance acquise. Même chose chez les adultes testés en laboratoire.
Appartement vs. Long corridor Les étudiants qui vivent dans des dortoirs en long corridors présentent plus d’impuissance acquise que ceux qui vivent en appartement. Données longitudinales, d’intervention et transversales.
Hiérarchie spatiale Théorie. Peu de données empiriques. Un grand éventail d’espaces différents pour les interactions sociales (ex : de solitude à petits groupes) favorise une meilleure habileté à se réguler lors des interactions sociales.
Territorialité Plusieurs données transversales et quelques études d’intervention montrent que les habitations de grande taille, avec peu d’espaces semi-privés et  qui hébergent plusieurs familles favorisent l’apparition d’un sentiment de perte de contrôle et sont associés à la criminalité.
Support social Distance La proximité physique augmente le nombre d’interactions sociales non planifiées. De plus, il y a un plus grand nombre d’opportunité d’interactions fonctionnelles (ex : ouvrir la porte).
Forte densité Études en laboratoire et données transversales et préliminaires montrent qu’une forte densité cause un retrait social et une détérioration des relations interpersonnelles de soutien.
Appartement Les immeubles gratte-ciel et les logements situés sur des rues achalandées sont associés à un nombre réduit d’interactions avec les voisins. Données transversales seulement.
Repos et récupération suite à fatigue cognitive et stress Éléments naturels Études en laboratoire, sur le terrain et d’intervention montre que la nature tend à réduire le stress et diminuer la fatigue cognitive.
Architecture Certains éléments non naturels peuvent avoir les mêmes propriétés. Certains exemples : charme, calme, solitude, cohérence, tranquillité. Surtout des arguments théoriques

Conclusion

L’analyse et l’utilisation de la composante espace contribuent à attirer l’attention sur l’espace afin de faire en sorte que cette dimension contribue pleinement à l’atteinte des objectifs de l’intervention. C’est donc un aspect capital de la structure d’ensemble.

Toutefois, de la même façon que des soutiens empiriques doivent être développés pour valider la structure d’ensemble, des études devront être construites afin de permettre de mieux comprendre et appliquer cette composante.

Il sera par exemple important de mieux déterminer quelle est la taille optimale d’un milieu d’intervention spécifique, quelles sont les caractéristiques optimales du milieu pour favoriser une intervention, etc.

Référence :

Burns, P.A., & Snow, R.C., (2012) The built environment & the impact of neighborhood characteristics on youth sexual risk behavior in Cape Town, South Africa. Health & Place, 18, p.1088–1100

Evans, G.W. (2003). The Built Environment and Mental Health. Journal of Urban Health: Bulletin of the New York Academy of Medicine, 80 (4)

Gendreau, G. (1978). L’intervention Psycho-éducative solution ou défi ?, Paris, Editions Fleurus.

Gendreau, G. (2001). Jeunes en difficulté et intervention psychoéducative. Montréal, QC : Édition Béliveau

Gendreau, G., & Boscoville 2000 (2003). Le modèle psychoéducatif : Module 8 : L’espace et le code et les procédures [DVD]. Montréal : Boscoville 2000 et les recherches actions Gilles Gendreau.

Gendreau, G., Prince, D., Levesque, C., & Beaulieu, D. (2005a). Les fiches d’exercices Module 8A : L’espace. Montréal : Boscoville 2000.

Gendreau, G., Prince, D., Levesque, C., & Beaulieu, D. (2005b). Manuel d’accompagnement Module 8A : L’espace. Montréal : Boscoville 2000.

Renou, M. (2005). Psychoéducation, une conception, une méthode. Montréal, QC : science et culture.

Sommer, R. & Olsen, H., (1980). The soft classroom, Environment and Behavior, 12 (1)

Van Wagenberg, D., Krasner, M., & Krasner, L., (1981) Children Planning an Ideal Classroom : Environmental Design in an Elementary School, Environment and Behavior.

Compléments

Comment citer

Schüle, M. O. (2012). Espace. Dans Unipsed.net. Repéré à http://www.unipsed.net/?p=1262

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